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BULLETIN  D’INFORMATION AUTHENTIQUEMENT PROFESSIONNEL


N°  : 2

On était en pleine période des vœux

A cette occasion, une bonne fée est venue nous voir ; c’était une vraie fée, pas de celles qu’on trouve dans les livres d’images pour les enfants.

Elle nous a demandé de formuler trois vœux, car les fées, tout le monde sait cela, exhaussent toujours les vœux par trois. C’est à cela qu’on reconnaît les vraies fées, outre qu’elles sont belles et habillées d’une robe longue.

C’est en confiance que nous avons dit nos souhaits pour le personnel d’encadrement des Finances Publiques :

*Qu’on puisse travailler, c'est-à-dire faire notre vrai travail, celui pour lequel nous pensons être recrutés, de contrôle, de recouvrement, de gestion, de conseil, et non point toutes les fariboles néo-modernes d’évaluation quantitative.

*Que notre travail soit celui d’un vrai cadre, avec des relations de concertation avec les hiérarchies, et de confiance avec les agents.

*Que notre traitement soit celui d’un vrai cadre, et non celui d’un smicard ou guère plus pour ceux qui débutent.

A peine eut-elle entendu cela que la fée s’est métamorphosée par on ne sait quel maléfice ; elle a perdu sa belle chevelure blonde, son doux visage et sa robe longue. Mais ce n’était pas une sorcière, encore moins Lucifer. Un simple homme en noir –peut être en gris anthracite-, d’âge mûr et qui ressemblait à un haut fonctionnaire ; il s’est mis à réciter un discours difficile à comprendre, un peu ésotérique ; c’était surement un grand initié.

Nous avons relevé quelques mots au vol : fusion- DLU- Hôtel des finances- SIP- PLF –ORE – LOLF –réforme de l’Etat –fongibilité asymétrique –Hélios –Anaïs –charte –statistiques –objectifs –rendement –efficacité – PFR –GIPA ; bien d’autres mots qui nous ont échappé, car nous ne comprenions plus très bien, mais cela ne nous disait rien qui vaille.

Alors est venue une troupe d’hommes plus jeunes, que nous avons pris pour des croque morts tant leur mine était compassée et leur vêture sombre, et nous nous sommes dit qu’ils venaient peut être pour un enterrement.

Celui du service public, qui sait ?

Pas du tout. Ils ont dégainé des instruments de musique, et ont commencé à jouer, correctement et sans emphase; et l’homme en noir –peut être en gris anthracite- d’âge mûr et qui ressemblait à un haut fonctionnaire, s’est mis à chanter :

 « Tout va très bien, Madame la Marquise….. ».

Nous nous sommes réveillés. Une grève était annoncée pour le 29 janvier prochain.

Nous la ferons, sans illusions.

Pour rêver au pays des fées.

                                                                                    Michel DURAND  

PRIME DE FONCTIONS ET DE RESULTATS :  la PFR

Le 5 décembre dernier, nos Ministres ont annoncé « qu’ils souhaitaient que nos salaires tiennent davantage compte de nos mérites professionnels que de la qualité du travail collectif au service public »

Voilà qui a le mérite d’être clair, et qui marque une accentuation des pratiques habituelles. Accentuation, mais point rupture, car au-delà des discours et des illusions que certains se complaisent à entretenir, l’évolution des carrières au niveau de l’encadrement est depuis toujours fortement individualisé.

Mais il ne s’agissait là que de l’évolution et du déroulement de la carrière et des promotions ; voilà maintenant que le propos est d’individualiser même la rémunération. Sur le principe, on peut discuter à perte de vue, avec des arguments pertinents de part et d’autre. Chaque système présente ses avantages et ses inconvénients ; nous pensons toutefois que la modulation du traitement au mérite, s’il a d’évidentes justifications sur le principe de l’équité, pose un vrai problème qui n’est jamais résolu, celui de l’évaluation elle-même du mérite.

Ou bien ce mérite est évalué de façon discrétionnaire par le supérieur hiérarchique, et malgré tous les éventuels recours, on frise l’arbitraire : certains ont de « bons » patrons, d’autres moins, et les disparités d’évaluation peuvent être grandes.  

Ou bien ce mérite est évalué par une batterie d’indicateurs, et le système prend une tournure technocratique, où l’énergie dépensée à ces évaluations est souvent sans rapport avec les enjeux collectifs. Qui plus est, ces indicateurs peuvent aboutir à des résultats injustes, ils laissent toujours beaucoup de place au hasard, que l’on tente de réduire ensuite par une complexité croissante, surtout que certaines activités se laissent mal appréhender par des indicateurs quantitatifs. On voit alors se mettre en œuvre la perversité du système, qui finit par ne plus produire que des objectifs et des indicateurs et perd de vue les missions. Sans compter que les sujets de l’évaluation, qui ne sont pas forcément idiots, ne tardent pas à modeler leur comportement sur les critères d’évaluation pour les remplir, au détriment parfois de l’efficacité réelle du service public.

Mais ce que souhaitent les Ministres, on l’a souvent vérifié, est irrésistible. C’est pourquoi il y a peu de chance que nous échappions à la PFR. Son contenu demeure imprécis, pareillement le calendrier de sa mise en œuvre (limite au 1.1.2012) et le périmètre des personnels concernés, puisque on nous annonce 450000 « bénéficiaires », soit « l’ensemble des agents de la filière administrative de l’Etat », sans plus de précisions. Nous avons compris que la modulation se ferait à enveloppe budgétaire constante, et que donc si personne ne perdrait la première année comme les déclarations lénifiantes se complaisent à le dire, ensuite la part liée aux résultats individuels génèrera des gagnants et des perdants.

Nous vous reparlerons de ce dossier important au cours de son évolution.

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