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  LA LETTRE
                                          


DE L'HUISSIER DU TRESOR PUBLIC

N° 39 juin 2006 : Lettre d’informations réservée aux adhérents du Syndicat des Huissiers du Trésor Public - 16 rue Notre Dame des Victoires 75097 PARIS Cedex 02 - Tél : 01 44 50 47 25   Télécopie : 01 44 50 47 16 Le Syndicat des Inspecteurs et  Huissiers du Trésor Public est affilié à la Fédération Nouvelle des Syndicats Professionnels - MINEFI

                                                                                                                                   

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MISSIONS DES HUISSIERS DU TRESOR PUBLIC : 

DANS UN CONTEXTE NOUVEAU, IL FAUT LES DEVELOPPER

 

Nouveau statut, nouveau régime indemnitaire : à partir de 2007 le métier d’huissier du Trésor Public va connaître une mutation très profonde, que nous avons plusieurs fois annoncée.

Cette évolution devrait introduire une véritable rupture avec les habitudes  développées depuis de longues années dans notre travail, qui étaient pour la plupart héritées de l’activité d’agent de poursuites rétribué à l’acte.

Il est clair que pendant cette période, une priorité a été donnée par la grande majorité d’entre nous , à la productivité et au nombre d’actes dressés, avec l’incitation –pour ne pas dire plus parfois- des trésoreries générales et des comptables publics.

Le contexte est en train de changer, sous l’effet de plusieurs facteurs :

Premier facteur, les logiques administratives évoluent : nous avons connu notre administration raisonnant avec une logique de service public, avec pour corollaire les principes d’égalité sans référence à des notions de rentabilité. Dans ce contexte, le Trésor Public devait diligenter par principe toutes les poursuites, quelle que soit la somme en jeu, et quels que soient les coûts de la procédure.

Aujourd’hui, de manière de plus en plus explicite, notre administration se met à raisonner sur des critères  nettement plus utilitaristes, et inspirés du secteur privé, avec une référence constante à la rentabilité des procédures.

Nous n’entrerons pas aujourd’hui dans le vaste débat de savoir si cela est bien ou mal, simplement nous constatons cette donnée qui devient fondamentale.

Deuxième facteur, dans la continuité du premier, la réglementation change aussi, et nous rappellerons à ce sujet le nouveau système de l’OTD et sa phase dite comminatoire avec les huissiers de justice.

Troisième facteur, les structures elles mêmes sont en cours d’adaptation à cette nouvelle vision du rôle du Trésor Public, comme on peut le voir par exemple avec le système de recouvrement des amendes résultant des contrôles automatisés.

Quatrième facteur, les mentalités évoluent, et les principes de la loi rigoureuse et égale pour tous sont constamment remis en question, sur des principes d’humanité, voire de discriminations positives en faveur de groupes sociaux supposés intrinsèquement maltraités.

Face à cette évolution, que deviennent les huissiers du Trésor Public ? nombre d’entre nous se sont interrogés, et même inquiétés sur notre place future et le devenir de notre activité ; il faut dire que nous avons vu fondre le nombre d’états de poursuites, et seuls les collègues fortement impliqués dans le recouvrement auprès des CAF ont été provisoirement épargnés.

Nous avons bien entendu exposé de manière continue cette inquiétude auprès de notre Direction Générale, qui nous semble sincèrement acquise au principe de l’utilité pour le réseau de disposer d’huissiers fonctionnaires ; la dernière instruction confidentielle, que nous joignons en annexe, qui réaffirme notre priorité dans l’exercice des poursuites, est indiscutablement rassurante.

Pour nous , il ne faut pas avoir peur de l’avenir, mais s’en faire un allié, en s’adaptant.

C’est ce que votre syndicat a fait dans la mesure de ses moyens : comme le nombre d’états de poursuites allait inexorablement être orienté à la baisse, il n’a pas hésité à accompagner l’évolution vers un système de rémunération forfaitaire, dont il ne méconnaît pas les inconvénients. Ce système, recadré par ailleurs –enfin !- dans un corps de pleine catégorie A, avec des grades de débouchés, bénéficie d’une vraie cohérence.

Maintenant, ou plutôt dès le prochain 1° janvier 2007, il faut réfléchir tous ensemble à donner un nouveau contenu à notre métier : nous ne devons plus être des producteurs d’actes en quantités industrielles, mais nous orienter vers des actions qualitatives, aussi bien en termes de recouvrement que de relationnel avec nos comptables et nos trésoreries générales ; nous devons apporter une réelle valeur ajoutée, qui prend davantage en compte les sommes recouvrées et les dossiers résolus que le nombre d’actes dressés ; nous devons sortir –ce qui est déjà largement commencé- de notre particularisme pour participer aux actions communes du recouvrement, dans les réunions du cadre A et en faisant partager notre expérience du recouvrement contentieux en qualité de formateurs.

Cela ne sera pas forcément évident, surtout là où des habitudes ont été prises de considérer les huissiers du Trésor Public comme des « quasi libéraux » à qui l’on remet de gros paquets d’états de poursuites avec mission de les rendre dans les délais les plus courts ; cette habitude pourrait se voir confortée de manière inattendue par la forfaitisation, qui rendra l’activité des HTP « gratuite » au niveau du budget des TG…

Il conviendra donc d’éviter les deux écueils qui nous guettent :

-avoir trop d’états de poursuites, et rester des « agents de poursuites » à production industrialisée, et certains collègues qui réclament aujourd’hui à cor et à cri des dossiers feraient bien d’y réfléchir dans un contexte évolutif.

-manquer de travail et devenir une espèce en voie de disparition, condamnée par l’évolution à disparaître à petit feu, ce qui ne semble pas d’actualité au vu de la dernière instruction.

Pour conclure et ajouter un élément à ce tour d’horizon, nous pensons que dans le cadre des missions de contrôle de l’utilisation des deniers publics et de la certification des comptes, qui deviennent le cœur de métier de la DGCP, il convient que les huissiers du Trésor Public apportent leurs compétences particulières. Ils pourront le faire en étant chargés de superviser le contrôle sur pièces, et éventuellement sur site, des actes dressés par les huissiers de justice. Quand on connaît les dérapages auxquels les interventions de certains membres de cette corporation ont donné lieu, il y a probablement matière à mieux maîtriser le nouveau système des poursuites.

« INSTRUCTION CONFIDENTIELLE »

DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE

La mise en œuvre des actes judiciaires dans le cadre du recouvrement forcé doit être confiée en priorité aux huissiers du Trésor public, que ce soit en matière de recouvrement des recettes de l’Etat, ou de celles des collectivités territoriales et de leurs établissements publics (cf. instruction codificatrice n° 99-026-A-M du 16 février 1999 sur les procédures civiles et fiscales d’exécution, tome I, titre I, chapitre 2 " L’exercice des poursuites ").

Ce n’est que lorsque les nécessités réelles et sérieuses du service l’exigent (insuffisance des effectifs, urgence,…), qu’il peut être envisagé de mandater des huissiers de justice pour la mise en œuvre de procédures d’exécution.

En qualité de directeurs des poursuites dans leur département, il incombe aux trésoriers-payeurs généraux, en fonction des circonstances locales, de fixer dans les contrats avec les huissiers de justice pris dans les conditions définies par l’instruction confidentielle n° 05-004-A-M du 30 décembre 2005, la nature et le volume des créances à leur confier en phase comminatoire amiable, et de décider de mettre fin à leurs services en résiliant les contrats précités.

En toute hypothèse, l’intervention de ces officiers ministériels ne saurait avoir pour effet de placer les agents de poursuites du Trésor public en situation de sous-emploi.

Dans ces conditions, je rappelle aux trésoriers-payeurs généraux, dans le souci d’utiliser de façon optimale les ressources au niveau local, la nécessité de confier prioritairement la signification des actes de poursuite pour le recouvrement forcé de l’ensemble des créances aux huissiers du Trésor public, et à veiller que ceux-ci soient régulièrement approvisionnés en états de poursuites. 

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