Quel avenir
pour les postes spécialisés
dans
la gestion locale ??
Lors du CTPL du 20 janvier 2009, la direction locale a validé une nouvelle vague de suppressions d’emplois dans le Département.
La logique de l’Outil de Répartition des Emplois, aussi critiquable soit-elle, trouve donc encore une fois à s’appliquer sans contestation possible.
Néanmoins, il peut être intéressant de se pencher quelques instants sur les données communiquées à l’ensemble du réseau même si la résignation et l’indifférence amènent de plus en plus d’agents de tous grades à se ranger sous la bannière peu mobilisatrice du fatalisme face à ces réductions d’effectif.
Toujours moins donc pour un réseau à qui on en demande toujours plus !!!!
La fusion ambitionne d’améliorer la productivité du service public offert à nos différents partenaires (contribuables, entreprises, collectivités, établissements publics) : cet objectif louable se heurte cependant à la diversité des missions et ne prend la forme, pour l’instant, que d’un gigantesque puzzle dont les différentes pièces ont été simplement juxtaposées sans réellement pouvoir s’imbriquer les unes aux autres.
La vision d’ensemble ainsi obtenue reste extrêmement floue, y compris pour notre direction générale et pour nos directions locales.
Dans un tel cadre respectant certes une certaine volonté politique mais présentant un certain nombre de défauts d’organisation (qui fait quoi ?, qui décide ?, qui signe ?), le réseau continue d’avancer grâce aux hommes et aux femmes de terrain, grâce aux praticiens et aux techniciens, bref grâce à toutes celles et à tous ceux qui exercent leurs différents métiers en « front office » face aux élus, aux gestionnaires locaux, aux contribuables et aux entreprises.
Dans un contexte de crise économique et sociale aiguë, il n’est jamais facile d’entendre parler de suppressions de postes : un certain nombre de contraintes qui pèsent de manière plus stressante sur les agents en période de difficultés n’est pas recensé par le fameux ORE.
Une rapide analyse du tableau des « nouveaux » effectifs permet de mettre en évidence la forte sensibilité à la « perte d’emplois » des postes spécialisés (recettes municipales et recettes hospitalières) : sur 28 emplois supprimés dans les postes comptables non centralisateurs, 10 concernent cette catégorie de structure.
Moins 10 agents au service des partenaires locaux donc, dont -1 à la région, à DOUAI, à CAMBRAI, à DUNKERQUE CH, à DUNKERQUE MUN, à la CUDL, à ROUBAIX, à ROUBAIX CH, à TOURCOING, à LILLE….
A l’heure où les exigences des élus s’accentuent dans des domaines aussi variés que le recouvrement des produits locaux, le respect du délai global de paiement, la fiscalité directe, et le conseil financier, il est extrêmement difficile de perdre chaque année de nouveaux emplois.
Quand, parallèlement, la direction générale s’engage sur une démarche de qualité et accroît la pression des objectifs sur les postes comptables spécialisés, il faut aujourd’hui clairement exprimer le sentiment d’incompréhension des agents de terrain.
Sur un plan stratégique, les raisons de ce tir groupé sur les postes municipaux et hospitaliers sont facilement identifiables mais provoquent les hurlements de la majorité des agents du réseau : les gains de productivité réalisés « grâce » à HELIOS et la mise en œuvre à marche forcée du CHD (contrôle hiérarchisé de la dépense) ont permis de dégager des marges de manœuvre en matière de ressources humaines.
Même si cette orientation provoque colère et fréquents mouvements d’humeurs, notamment dans une période de 12 mois après une bascule à HELIOS (ceux qui pratiquent comprendront), il faut aujourd’hui s’interroger sur la place qu’occupe réellement dans les esprits de nos dirigeants le secteur public local.
Les déclarations d’intention sont claires et le message envoyé aux élus par BERCY s’appuie sur un renforcement du conseil fiscal et sur une meilleure performance globale du réseau « unifié ».
Mais les suppressions d’emplois qui, pour certains postes, se succèdent année après année au nom des gains de productivité dont les critères d’évaluation ne sont finalement jamais réellement communiquées, fragilisent de plus en plus les « municipaux et hospitaliers ».
Est il nécessaire de rappeler à nos têtes pensantes que le comptable public doit avant tout tenir la comptabilité, payer la dépense, encaisser les recettes, gérer les budgets ???? Sait on encore à BERCY qu’il faut quotidiennement traiter les avis de règlement, analyser et souvent traduire en langage comptable compréhensible les relevés de la Banque de France, encaisser au plus vite les chèques bancaires, passer la comptabilité et payer les mandats ????
Avant de conseiller et d’analyser, avant d’auditer et de contrôler, faut il encore être capable de vérifier, de payer, d’encaisser, de classer : il semble que ces fonctions basiques ne soient plus valorisées en terme d’emplois et les agents qui remplissent ces missions au quotidien ne les exécutent plus que dans l’urgence et la précipitation.
Quels moyens pour le recouvrement local ou hospitalier ????.....Quels moyens pour le suivi des dossiers complexes type « conventions publiques d’aménagement », « délégations de service public », « loi MOP »…. ????? Quelle organisation pour la fiscalité locale ????
Plus que jamais, il convient de s’exprimer sur le sujet car la ligne directrice d’une administration en fusion est loin d’être précise dans ce domaine particulier d’activités du réseau.
Les inquiétudes grandissent quant au positionnement de notre nouvelle direction générale par rapport à la gestion des collectivités locales et des centres hospitaliers.
Difficile de ne pas comprendre que les postes spécialisés font les frais de la récente réforme et qu’ils font un peu figure de «parents pauvres » de la fusion : la priorité du moment est de réussir le guichet unique et de donner des moyens à la branche purement fiscale de notre organisation.
Pendant ce temps, la grande majorité des postes spécialisés se sent délaissée et n’a plus en aucune façon l’impression d’appartenir à un réseau.
Bon nombre de collègues chefs de poste n’attendent plus rien de la direction et gèrent leur structure avec des « bouts de ficelles » et grâce à un réseau plus « vertical » qu’horizontal car la solidarité existe bien entre les agents de tous grades confrontés aux mêmes difficultés.
C’est sans doute cela le plus grave : le défaut récurrent de communication sur la stratégie à moyen terme (agences comptables hospitalières, restructurations en milieu rural) décourage les cadres et ne permet pas un management serein des équipes en poste comptable.
Le mirage des performances supposées d’HELIOS (et imposées au réseau pour justifier le coût de l’investissement) ne peut masquer les limites du système.
Aujourd’hui, ce mot d’humeur se veut l’expression d’un sentiment général recueilli depuis plus de 3 mois par votre serviteur.
Au fil des multiples conversations récentes avec des chefs de poste, des adjoints, des contrôleurs et des agents, j’ai pu réalisé cette synthèse qui démontre l’attachement des personnels à leur métier.
Sentir que leurs tâches quotidiennes ne sont plus valorisées, percevoir le changement et s’y adapter sans reconnaissance, ne plus comprendre l’objectif réel de ceux qui décident au plus haut niveau, entrevoir de nouveaux démembrements des missions de service public, ….et subir les suppressions de poste en se résignant.
Voilà le tableau très actuel d’un réseau de postes spécialisés qui assiste à une mutation « fusion » sans se sentir réellement concerné….ni écouté !!!
Dominique DELBOUR